Par Michel Remy-Bieth:
Sacha Guitry affirmait que les professeurs n'enseignent que leurs défauts. À l'atelier Mac'Avoy, dans les années 1960, Catherine écoutait les préceptes du maître et ne les suivait pas - elle savait ce qui ne s'apprend pas - et elle était, déjà, son libre arbitre. Avec une discrétion raffinée du coloris et un sentiment délicat de la nuance, elle pratiquait J'ambiguïté du réel et de "imaginaire.
Dès lors, elle abandonne violet de mars, vert cinabre, cadmium orangé... pour une palette où le bleu domine. De Capri, Catherine m'écrit en 1970: «Dieu que c'est beau le bleu, je mourrai de bleu. Quel est mon sens de la beauté? Le bleu. »
En outrepassant la représentation, elle accède à une expression cérébrale et sa référence au réel n'est qu'un moyen de faire partager une émotion. Ses toiles deviennent des énigmes intemporelles, rêves éveillés soumis aux forces occultes de l’Art, comme le sont certaines œuvres de Fernand Khnopff et Romaine Brooks.
Dans un vaste monde à la dérive, où la vulgarité et le mercantilisme triomphent, mécènes et collectionneurs sont devenus « sponsors » et spéculateurs. Qu'importe à Catherine qu'à l'histoire de l'art succède aujourd'hui l'histoire du marché de l'art! Indifférente, elle demeure hors du temps, loin des coteries et des modes. En son univers de silence, cette esthète de l'âme peint le mystère d'un visage, comme l'agent secret écrit à l’encre sympathique, et ses couleurs, chargées de fluide, révèlent la clairvoyance d'une œuvre qui me subjugue.